Peut-on voyager avec une moto A2 et ses 47 ch ?

La puissance de 47 ch est-elle suffisante pour voyager ? Une moto A2 au gabarit compact peut-elle faire face à toutes les conditions de roulage d’un grand voyage ? Forcément, dans le parcours initiatique de la moto, ces questions sont légitimes et notre retour d’expérience est sans appel : non seulement la catégorie A2 avec ses 47 ch permet de voyager, mais la "bride" est en réalité parmi les plus adaptées au road trip et peut même être une sorte d’avantage.
 

Tout d’abord, il y a les faits : nous avons traversé la France sur 1 000 kilomètres en deux jours (1 108 kilomètres exactement !). En réalité, nous avons parcouru 300 kilomètres le premier jour et 800 kilomètres le suivant ! Et attention, en empruntant absolument toutes sortes de routes et en rencontrant toutes sortes de conditions comme la pluie, le vent, la nuit ou le froid d’un mois de mars. En fait, l’idée était de profiter de la présentation des nouvelles BMW F900 R et F900XR sur le circuit de Ledenon dans le Gard (30) pour en faire le point de départ de notre road trip, et jusqu’à BMW France dans l’ouest francilien (78). Notre parcours « perso » de 1 000 kilomètres sera tracé pour profiter d’une France authentique avec ses trésors millénaires et ses sublimes routes et virages. En résumé, départ le premier jour dans la garrigue nîmoise en milieu d’après-midi, direction la mer à Aigues-Mortes en Camargue, pour ensuite longer la Méditerranée jusqu’à Sète (34), d’où nous rejoindrons notre ville étape de Castelnaudary (11). Le deuxième jour, nous poursuivrons vers le Nord, en passant d’abord par des petites routes pour atteindre "la montagne noire", puis Graulhet (81) et Saint-Cirq-Lapopie (46), un joyaux médiéval surplombant la rivière Lot, que nous allons longée un temps. Ensuite, direction Brive-la-Gaillarde (19) pour profiter d’une autoroute gratuite et alterner entre routes nationales – comme la célèbre N20 – et autoroutes payantes, toutes deux empruntées presque exclusivement par des camions. Il n’était pas question de ménager notre A2 en lui évitant certaines épreuves comme les autoroutes à camions. Notre idée était de faire la démonstration qu’une moto A2 de 47 ch figure finalement parmi les motos offrant le meilleur compromis pour le voyage.
 

Évidemment, nous avons ressenti la bride ! Surtout avec une moto même pas rodée, avec moins de 500 kilomètres à son compteur. En pratique, notre BMW F900XR pointe à 165 km/h au taquet. Il est temps de rendre la main et de reprendre les 140 km/h compteur (donc nos 134 km/h chrono), nous mettant ainsi à l’abri d’un excès de vitesse autoroutier. En fait, notre A2 tient bien la moyenne, mais parfois, pour doubler un petit train de camions, nous avons tâté de la bride ; le petit crachin, la nuit et l’envie d’arriver à notre première étape étant d’autres motivations parfaitement légitimes.
Sur l’épreuve redoutée de l’autoroute, notre A2 a donc fait étonnamment des merveilles. Car, si nous avons effectivement été occasionnellement à sa vitesse maximale, le reste du temps (c’est-à-dire à 95 % du trajet), calés au rythme légal, nous étions parfaitement à notre place, avec une réserve de puissance suffisante, sans avoir constamment besoin de régulateur de vitesse pour éviter de rouler trop vite. En A2, vous bénéficiez d’une bonne impression de vitesse au rythme légal et c’est un atout. Une moto GT plus puissante laisse parfois une impression de frustration à 130 km/h. En revanche, l’autoroute a fait « exploser » notre consommation, passant de 5,5 à 6,5 l/100 kms et réduisant ainsi largement notre autonomie. Du coup, dans ces conditions, sans prendre le risque de la panne sèche, refueling après 200 kilomètres. Il faut dire aussi que le pare-brise en position haute et les valises latérales pénalisent l’exercice de l’économie. En revanche côté confort, rien à redire, pas de remous d’air au niveau du casque et excellente stabilité, même lors des dépassements de camions. Les poignées chauffantes activées entre les positions 1 et 2 et les protège-mains d’origine super efficaces faisaient largement notre bonheur. Mine de rien les kilomètres défilent ! Si notre A2 affronte l’autoroute, sa consommation peut donc être plus importante… Une donne à prendre en considération pour tracer votre parcours et établir un « tableau de marche ». Avec l’ordinateur de bord et le calcul permanent de l’autonomie restante, tout va bien dans notre road trip improvisé.

 

Après l’autoroute, la route et même la petite route, pas de problème, notre A2 est sur son terrain de jeu favori. Elle tourne, elle freine, elle virevolte, elle improvise, elle corrige, elle pardonne. Le plaisir à l’état pur de faire de la moto ! Et puis comme elle est légère, elle n’est surtout pas fatigante, pas bruyante, elle voyage « feutré », vous roulez sans compter, vous musardez à l’occasion, et vous faites la canaille de temps à autre dans un enchaînement resserré et puis vous vous arrêtez pratiquement n’importe où. Son gabarit compact est un super atout en « exploration », quand une moto haute et encombrante demande de l’anticipation et des précautions tout le temps.
 

Dans notre cas, peu de contraintes, et nous avons même essuyé une tempête. Le Lauragais, « le pays du vent », offre un beau ciel, mais est néanmoins balayé par des rafales à 100 km/h. Un temps à ne pas mettre une moto dehors… sauf une A2 ! Néanmoins, j’en mène pas large, la fesse droite au vent, carrément déhanché en ligne droite pour rester dans ma voie de circulation, j’anticipe carrément les rafales à l’approche des zones dégagées. Heureusement, j’ai une moto pas trop lourde, ni trop légère et surtout facile et rassurante. Avec d’autres motos, j’aurais peut-être été contraint de m’arrêter, mais avec ma BMW A2, je progresse toujours. Faire un road trip en moto, c’est parfois faire face à des conditions météo capricieuses, et avoir une moto facile devient alors à atout majeur pour ne pas dire salvateur.
 

Parfaite sur le plan moteur et puissante, idéale en gabarit et en poids, une moto A2 est parfaite pour faire des road trips. Assurément, c’est un incroyable compromis offrant finalement beaucoup de polyvalence et de possibilités. En réalité, la seule limite pour une A2 est peut-être le duo : il faut bien reconnaître que les choses seraient moins incroyables avec un passager. De toutes façons, c’est dans l’air du temps, chacun sur sa moto et en avant l’aventure !

Tracer son itinéraire avec un timing
Préparez un minimum votre aventure en traçant votre itinéraire et en organisant votre timing. Notre étape de 800 kilomètres était longue : 500 kilomètres, c’est déjà bien et cela laisse du temps pour autre chose.

Autoroute ou pas
Emprunter les autoroutes permet de se déplacer rapidement et de voyager loin. Ne rejetez pas systématiquement cette solution, elle permet de contourner rapidement des centres urbains sans intérêt et chronophages à traverser. L’autoroute offre aussi de la sécurité dans des conditions difficiles et n’est pas trop chère en deux roues (c’est bien d’avoir un plan B dans certains cas). Soyez malin, utilisez les portions gratuites et optimisez vos itinéraires avec les GPS et les appli de navigation pour des parcours hybrides. Comme nous l’avons vu lors de notre trip, le paiement obligatoire par carte bancaire et la gestion du ticket sont devenus compliqués ! Il faut anticiper le passage aux péages ou penser au télépéage.

Navigation
Un système de navigation est indispensable. Dans notre road trip, nous avons utilisé Waze avec un simple téléphone portable. Nous avions besoin d’un support universel (35 €), d’un câble USB-C et de quelques sachets « congélation » en cas de pluie. Les housses étanches étant peu pratiques quand il ne pleut pas (donc l’essentiel du temps), un petit sachet plastique apparaît nettement plus pratique. Enfin, sur des itinéraires inconnus, l’information sur les vitesse autorisées et les radars reste totalement indispensable !

Équipements indispensables
Pour notre road trip, nous avons rencontré une amplitude thermique de 6 à 20° et une pluie légère. En matière d’équipements, une veste et un pantalon étanches étaient donc dans nos affaires. Pour le reste, un blouson de mi-saison avec une doublure amovible a permis de faire face à toutes les conditions. En revanche, un casque intégral équipé d’un écran clair (quitte à utiliser ponctuellement des lunettes de soleil) était indispensable, tout comme les protections auditives pour limiter les effets du bruit pour nos longues étapes !

Bagages
Notre BMW était équipée de deux valises de 31 et de 32 litres (en accessoire d’origine) qui fermaient à clé. Cette capacité était parfaite, sans avoir besoin d’un sac à dos supplémentaire. Super pratique, super sécure, cet accessoire est un véritable atout. Attention à la largeur des valises, lors des manœuvres de stationnement et en interfile.

Notre itinéraire reliant la Méditerranée à l’ouest francilien est pratiquement celui à contre sens de « La Route des Légendes  », qui fait revivre le parcours de liaison des premiers rallyes Paris/Dakar entre Versailles et Sète. La prochaine édition se déroulera du 26 au 28 septembre 2025 et réunira à la fois des voitures et des motos ayant participé à l’épreuve mythique, mais aussi des répliques ou des véhicules ayant un lien avec le rallye africain. Il faut dire que le "Paris-Dakar" a donné quelques grands noms à la moto comme Ténéré, Africa Twin et évidement Dakar Serie chez BMW. La marque remportera d’ailleurs l’épreuve en 1984 et 1985 avec le regretté Hubert Auriol.
Ouvert à tous, ce rallye pourrait parfaitement être fait en A2, à condition de trouver une moto historique en lien avec le Dakar et de moins de 47 ch (et il y en existe quelques unes). D’ailleurs, Joh Gaz en propose à la location pour l’épreuve, et même des 125, accessibles avec un permis voiture et avec la formation 125 de 7 heures.

La Route des Légendes